Libre Pensée du Pas-de-Calais

Vous êtes ici : Accueil du site > Actualités laïques > Santé publique, avortement et euthanasie : le combat continue (...) > Avortement : la situation au Portugal en Avril 2005
Publié : 28 avril 2005

Avortement : la situation au Portugal en Avril 2005

Cet article est publié dans le journal Portugal Express dans son édition du mercredi 27/04/2005 sous le titre "AVORTEMENT. Le principe de la consultation approuvé". Il a été rédigé par Albano Saldanha.

Un referendum mais pas de date

Le Parlement portugais a approuvé le 20 avril l’organisation d’un nouveau référendum sur la dépénalisation de l’avortement. Il serait alors possible de pratiquer un IVG jusqu’à seize semaines de grossesse en cas de danger pour la santé. Aucune date pour ce vote n’a cependant été fixée. « Êtes-vous d’accord pour que l’avortement réalisé dans les dix premières semaines de grossesse, avec le consentement de la femme, dans un établissement de santé légal, cesse d’être un crime ? ». C’est à cette question que les Portugais devront répondre par oui ou par non lorsque sera fixée la date du référendum sur l’avortement. En marge de cette consultation, le Parlement a par ailleurs approuvé un projet de loi qui prévoit non seulement la dépénalisation de l’avortement jusqu’à dix semaines de grossesse sur simple demande de la femme, mais une extension des délais légaux existants dans un certain nombre de cas. Les délais dans lesquels l’intervention volontaire de grossesse (IVG) est autorisée seraient portés de 12 à 16 semaines en cas de danger de mort ou de péril pour la santé physique ou psychique de la femme. Le groupe PS avait aussi ajouté « pour des raisons de nature économique et sociale », un critère qui n’existait pas dans la loi en vigueur mais qu’ils ont finalement retiré de leur texte de loi. On estime de 20000 à 40000 le nombre d’avortements clandestins pratiqués chaque année dans le pays.

Une première consultation avait eu lieu en 1998. Les Portugais avaient répondu « non » à la même question à une très faible majorité (50,07%). Un referendum peu fiable selon les observateurs car il avait été marqué par une très forte abstention (68,11%).

Passibles de prison

Au Portugal où la loi demeure l’une des plus strictes d’Europe, la député communiste, Odete Santos, a rappelé lors du débat parlementaire qu’en 2003 trois femmes par jour avaient dû être hospitalisées en raison de complications à la suite d’une IVG réalisée dans des conditions précaires. Les femmes qui subissent un avortement clandestin sont actuellement passibles de peines de prison pouvant aller jusqu’à trois ans. Aucune condamnation à l’incarcération n’a cependant été prononcée ces dernières années.

Agenda électoral et européen oblige, la date à laquelle cette consultation devrait être organisée demeure encore inconnue. Le Premier ministre socialiste José Sócrates ne s’est pas avancé sur le calendrier afin de laisser entière liberté de décision au chef de l’État, Jorge Sampaio. Après avoir consulté tous les partis le 18 et 19 avril, le Président a fait savoir qu’il souhaitait « un débat démocratique approfondi et une participation électorale significative ». Dans ce cas, il semblerait exclu que le référendum ait lieu avant l’été. L’agenda ne devrait pas être bousculé. Lors de sa récente visite à Paris, M. Sampaio avait jugé prioritaire le référendum sur la constitution européenne. Le gouvernement socialiste souhaiterait le voir coïncider avec les élections municipales prévues en octobre prochain.