Libre Pensée du Pas-de-Calais

Vous êtes ici : Accueil du site > Actualités laïques > Séparation des Eglises et de l’Etat ? > Sant’Egidio à Lyon : l’offensive antilaïque et corporatiste de (...)
Publié : 12 septembre 2005

Sant’Egidio à Lyon : l’offensive antilaïque et corporatiste de la doctrine sociale de l’Église

Communiqué de la Fédération de la Libre Pensée du Rhône en date du 12 septembre 2005

Sur leur pétition contre le financement public, à hauteur de près d’un million d’euros, des rencontres inter-religieuses organisées par le Diocèse de Lyon et la Communauté catholique Sant’Egidio, les initiateurs annoncent qu’ils ont recueilli en quelques jours 400 signatures.
La Libre Pensée se félicite de cette mobilisation.

L’écho de cette protestation retentit du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest ; simples citoyens, élus, responsables syndicaux et associatifs se saisissent de l’initiative des laïques, réunis le 2 septembre à Lyon. Comment ne pas comprendre cette indignation devant l’arrogance de ces prébendiers de fonds publics ? Comment ne pas approuver ce rejet d’une politique concordataire incarnée, au premier chef, par Nicolas Sarkozy ?

UNE OPÉRATION POLITIQUE, AVEC LA LOI DE 1905 EN LIGNE DE MIRE

Les prétextes avancés pour justifier l’opération sont nombreux ; en premier lieu, la paix. Curieuse campagne, relayée par la presse locale qui n’a jamais accepté de rendre compte des rassemblements réguliers organisés par la seule Libre Pensée devant nos monuments pacifistes de Villié-Morgon et Dardilly ! L’Église, elle, célèbre les « morts pour la Patrie », n’a jamais demandé la réhabilitation des « fusillés pour l’exemple ». Mais des voix discordantes s’élèvent : la diaspora congolaise proteste contre la venue de Joseph Kabila, « dont le gouvernement a fait du Congo une véritable zone de non-droit ». Le directeur de la revue Golias dénonce dans le Progrès du 12 septembre le jeu trouble d’une communauté de laïcs, « où le mariage et les enfants éventuels ne sont autorisés que par des directeurs de conscience », et qui veut s’appuyer « sur de jeunes cardinaux comme Mgr Barbarin qui ont besoin de communiquer et permettent d’avoir une influence sur le Vatican ». Et il conclut que « l’appui des collectivités à ces rencontres prouve que la laïcité est gravement en danger. »

Car c’est bien la loi de 1905 qui est attaquée.

ILS MENTENT

Jean-Dominique Durand, président de la Commission de Fourvière, ancien « conseiller culturel à l’ambassade de France auprès du Saint-Siège » (où il a succédé à l’évêque Di Falco), longuement interrogé par Le Progrès du dimanche 11, prétend que la loi de 1905 est « une loi d’« apaisement », (...) « un peu en rupture par rapport au grand combat laïc (sic) incarné par des personnalités comme le président du Conseil Emile Combes ». Le meilleur démenti est apporté par la haine tenace du Vatican et des évêques, qui ne l’accepteront qu’amputée par la grâce de l’Union sacrée réalisée sur les millions de victimes de 14-18, puis gravement mutilée par Pétain, et jamais restaurée depuis, bien au contraire.

POURQUOI LYON ?

Pourquoi Collomb et Mercier, présents à Rome lors du cardinalat de Philippe Barbarin, ont-ils invité Sant’Egidio, "Association publique de laïcs de l’Église" comme elle se définit elle-même ? Lyon doit être la tête de pont de l’offensive vaticane de recléricalisation.

Jean-Dominique Durand situe ces rencontres dans le droit fil de l’héritage lyonnais du catholicisme social : Frédéric Ozanam, les semaines sociales de France, etc. Et il associe à ce « pilier » celui, « laïc humaniste », incarné par exemple par Herriot ; pour lui, aujourd’hui, « ces deux courants se retrouvent sur beaucoup de dossiers. » Trucage honteux ! hommage à double tranchant, qui montre bien le chemin parcouru dans le reniement de la laïcité institutionnelle ! De nouveau, il faut que Lyon se dresse contre la République !

Gérard Collomb est le porte-parole du Vatican, comme il a été celui du projet de traité constitutionnel européen. Il faut effacer l’échec du referendum, et poursuivre, coûte que coûte. Interrogé par La Vie (ex-catholique) n° 3132, il déclare considérer « l’aspiration à la spiritualité comme une dimension irremplaçable de l’être humain. » Pour lui, « la question politique majeure aujourd’hui est de construire un nouvel universalisme à partir de ce dialogue » (des rencontres Sant’Egidio). Bien plus, il indique qu’il organisera en décembre prochain, en partenariat avec La Vie, « un nouveau Dialogue en humanité : cette démarche vise à créer un forum mondial sur les moyens que se donne l’humanité pour mieux vivre sa condition. Tout cela participe de la construction d’un nouvel humanisme, en filiation avec le personnalisme chrétien. » Et le titre de l’article, citation de Collomb, est hautement révélateur : « Contre le relativisme, vive le dialogue inter-religieux ! ». Le « relativisme », c’est l’anathème martelé par Joseph Ratzinger après Karol Wojtyła, parce qu’il est insupportable à la secte vaticane de ne pas être « catholique », universelle et seule véritable ; le « relativisme » s’oppose à la « transcendance ». Le « relativisme », c’est l’impossibilité du « bien commun », fondement du corporatisme.

C’EST LA VICTOIRE DU NON QU’IL FAUDRAIT EFFACER

Il y a un fil conducteur des rencontres, repris en chœur, de Collomb à Sarkozy, en passant par le Maire milloniste du 2è arrondissement : l’engagement « en faveur de la paix et du dialogue, qui seuls peuvent permettre d’envisager avec espérance l’avenir de la planète » selon l’homélie du représentant du Pape, Angelo Sodano.

Foin de l’action collective consciente des hommes pour changer leur destin ; il leur est dicté d’en haut. C’était le contenu du traité constitutionnel, c’est le contenu de la subsidiarité. Les masques tombent ! Ces déclarations provocatrices trempées d’eau bénite, dictées par l’Église catholique, n’appellent qu’une seule réponse : contre le corporatisme, vive la reconquête laïque ! La victoire du NON au referendum, première victoire contre la recléricalisation, ne restera pas sans lendemain ! Nous irons le manifester à Paris le 10 décembre pour le centenaire de la loi.