Libre Pensée du Pas-de-Calais

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Publié : 29 août 2006

Résolution laïque

DEFENSE ET RESTAURATION DE LA LOI DE 1905 !

Le Congrès national de la Libre Pensée, réuni à Lamoura (Jura) du 24 au 26 août 2006, se félicite du succès de la manifestation nationale du 10 décembre 2005 où des milliers de citoyennes et de citoyens ont démontré qu’ils n’acceptaient pas le sort fait à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. La laïcité vit dans la conscience de millions de citoyens de ce pays et y toucher c’est remettre en cause la démocratie et la République.

Aujourd’hui la laïcité est toujours menacée dans notre pays, par les gouvernements qui la bafouent, par des ministres qui veulent la détruire, par des élus qui détournent des fonds publics au profit des religions et de leurs œuvres.

C’est pourquoi le Congrès lance un appel à tous les citoyens, tous les laïques et leurs associations, à tous ceux qui veulent continuer l’action commune de défense et de restauration de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Puisque 2006 est le centième anniversaire des inventaires décidés par la loi de 1905, nous proposons de dresser, ensemble, u les inventaires laïques pour informer l’opinion publique de notre pays de l’état réel des atteintes à la laïcité, des fonds détournés, du viol de la démocratie, u d’organiser des Assemblées dans les départements qui convergeront vers les « Etats Généraux de la Laïcité » le 9 décembre 2006 à Paris.

Le Congrès constate que « la laïcité, c’est la forme, historiquement datable, de la liberté de conscience » : le respect absolu de la liberté de conscience est la base de toutes les libertés, la garantie contre tous les communautarismes et le garant de l’égalité en droit pour tous les citoyens.

NON AU DELIT DE BLASPHEME !
OUI A LA LIBERTE DE CONSCIENCE !

Rétablir « le délit de blasphème » partout, et en particulier en France, pays de la Révolution de 1789-1793, de la Commune de Paris et de la loi de 1905, a été et reste un combat constant et opiniâtre de l’Eglise Catholique, Apostolique et Romaine. Elle l’a rappelé avec force lors de l’affaire des caricatures de Mahomet. Le Saint-Siège, dans l’Osservatore Romano a condamné « l’inadmissible provocation » et a affirmé qu’ « on ne peut ridiculiser et se moquer de la religion sans en même temps outrager la liberté ». Pour faire bonne mesure, Justo Balada Lacunza, président de l’Institut pontifical d’études arabes et islamiques précise : « L’ Eglise catholique défend la liberté religieuse des musulmans. Elle explique qu’il faut tenir compte des symboles et textes qui ont une sacralité... ».

En clair, au nom du « sacré et des dogmes », la liberté d’expression doit être bornée, le « délit de blasphème » doit être officialisé, avoir force de loi. C’est d’ailleurs ce qu’a parfaitement entendu le député Roubaud qui vient de déposer une proposition de loi et qui affirme vouloir museler la presse, ce qui en fait conduirait à un rétablissement du « délit de blasphème », rejoignant dans l’esprit l’acceptation de fait de ce délit par la cour européenne de justice, en application de l’article 9 de la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme.

A l’occasion de l’affaire des caricatures de Mahomet, les autorités religieuses françaises, chrétiennes, israélites ou musulmanes ont été unanimes, à condamner les publications danoises et françaises. Le ministre des affaires étrangères a déclaré : « La France condamne tout ce qui blesse les individus dans leurs croyances ou leurs convictions religieuses ».

Ainsi dans l’Ain le 8 décembre 2005, la pièce de Voltaire « le fanatisme religieux ou Mahomet le prophète », a été l’occasion d’incidents qui ont conduit à la déprogrammation temporaire de la représentation.

Le congrès réaffirme son indéfectible attachement à la totale liberté de conscience et d’expression des citoyens sous toutes ses formes (textes, caricatures, chansons, films, photographies, sculptures...). La Fédération Nationale de la Libre Pensée fait la distinction entre ce droit imprescriptible, base même des libertés démocratiques, et la diffamation des individus. La Fédération s’opposera à toute tentative de limiter un tant soit peu cette liberté.

DEFENSE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE PUBLIQUE !

Parce que la recherche scientifique publique est le bien de tous les citoyens et qu’elle relève donc de la République laïque, le congrès réaffirme son soutien à la recherche publique scientifique libre et indépendante qui doit se mener à l’abri de toutes les pressions, qu’elles soient religieuses ou économiques.

Le congrès dénonce la Charte européenne des chercheurs, document qui, pour la première fois depuis les heures sombres de l’Inquisition, ose limiter explicitement la liberté de pensée et d’expression des chercheurs (11 mars 2005 : « "Les chercheurs doivent néanmoins reconnaître les limites à cette liberté [de pensée et d’expression] susceptibles de découler des circonstances particulières de recherche (notamment sur le plan de la supervision,l’orientation et la gestion) ou de contraints opérationnelles par exemple pour des raisons de budget ou d’infrastructure ou, particulièrement dans le secteur industriel, pour des raisons de protection de la propriété industrielle." Il est inconcevable que de grands organismes de recherche tels que le CNRS ou certaines universités aient pu adopter ce texte.

D’autre part, le congrès dénonce les pressions de l’Eglise Catholique, suivie par les autres religions, pour limiter les recherches notamment sur l’embryon, les cellules souches, et le clonage thérapeutique. La fédération nationale sera attentive à tout projet de loi sur cette question et agira pour le respect de la laïcité institutionnelle dans ce domaine.

NON A LA RECLERICALISATION DE L’ESPACE PUBLIC !

A St Etienne, le Conseil municipal de mai 2006 a renoncé à renommer une partie de la place Jean Jaurès en « place Jean-Paul II » notamment suite à l’action de la Libre Pensée. Le Conseil de Paris a voté le 13 juin 2006 pour que la place du parvis Notre-Dame soit désormais baptisée « parvis Notre-Dame -Place Jean-Paul II ». La municipalité du Havre, quant à elle, vient de supprimer la rue « Chevalier de la Barre ».

L’intrusion des aumôniers dans les chambres des hôpitaux publics continue, en violation même de la Charte du Patient affichée dans les locaux hospitaliers. La participation, es qualité, d’élus de tous bords à des cérémonies religieuses constitue une violation de leur obligation de réserve et démontre aussi leur mépris pour la laïcité, clé de voûte de la République.

Nombre de crématorium et de funérarium publics comportent des lieux funéraires dénommés salles « omnicultes », dénomination totalement inacceptable pour les athées, les agnostiques, les libre-penseurs, pour tous ceux qui ne pratiquent et ne reconnaissent aucun culte : faut-il rappeler que les croyants ont déjà leurs lieux spécifiques ? Le Congrès réaffirme la demande de la Fédération Nationale de la Libre Pensée : les citoyens doivent pouvoir disposer de salles municipales pour les cérémonies civiles lors des funérailles.

DEFENSE DE L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE

L’offensive coordonnée du Vatican, des Institutions de l’Union européenne et de l’Inspection Générale de l’Histoire en France qui vise le contenu des manuels d’histoire et veut y substituer un prétendu « sens de la vie d’inspiration divine » au sens de l’Histoire. Le Congrès rappelle que la Fédération a soutenu la pétition des historiens « liberté pour l’Histoire ». Ni l’Etat, ni les Eglises, n’ont à s’immiscer dans la recherche historique.

Le Congrès décide de prendre contact avec la Ligue de l’Enseignement, l’Association des Professeurs d’Histoire-Géographie, les associations d’historiens, les historiens et les revues afin de discuter de l’organisation, en commun, d’un vaste débat public sous forme d’un colloque ou d’un symposium national sur le thème : « l’Histoire : des faits, non une propagande ! ».

Attendu que la LAICITE est le principe juridique qui établit la liberté de pensée et instaure les conditions d’une authentique citoyenneté pour faire que l’égalité ne soit pas un vain mot, les libres penseurs réunis en Congrès national expriment leur volonté déterminée de faire vivre la République, la démocratie et la laïcité, ravivant ainsi les principes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité.

Le Congrès appelle ses Fédérations, groupes et militants à faire largement connaître la déclaration commune Ligue de l’Enseignement et de la Fédération Nationale de la Libre Pensée et à se mobiliser pour la réalisation des inventaires laïques et le succès des « Etats Généraux de la Laïcité » en diffusant largement l’appel du Congrès.

Adopté à l’unanimité