L’institution scolaire édifiée par la République il y a plus d’un siècle par les lois organiques de Jules Ferry, sur la base des principes élaborés par les révolutionnaires de 1792-93, en particulier le Rapport Condorcet, a, pendant des décennies, instruit les enfants du peuple grâce à la qualité de ses principes et à des méthodes éprouvées que Ferdinand BUISSON avait exposées dans son Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, grâce à des manuels de lecture, d’écriture et de calcul rationnels et accessibles aux élèves d’origines les plus modestes, permettant ainsi à tous d’accéder à la connaissance, à la citoyenneté et de mettre fin au travail forcé des enfants.
Le congrès constate, sur la base des faits établis par de nombreux enseignants et des chercheurs, sur les travaux du Colloque de Rennes pour la défense de l’instruction organisé par la Libre Pensée en octobre 2004, que cette institution est l’objet, depuis près de 40 ans, d’une destruction méthodique entreprise à partir du haut par une avalanche de contre-réformes.
L’Ecole primaire qui, depuis la fin du 19ème siècle, a été considérée comme l’une des meilleures du monde, est en voie de transformation en lieu d’animation, en lieu de vie, substituant au rapport d’apprentissage des relations ludiques de communication, abolissant pratiquement la transmission réelle des connaissances par un enseignant à ses élèves
. Le rapport MIGEON commandé par Lionel JOSPIN pour la réforme de 1989 ne dit-il pas ? : « L’optique constructiviste de l’appropriation des connaissances s’oppose à celle d’une transmission de celui qui sait à celui qui ne sait pas ».
En prétendant transformer l’enfant en « auto-apprenant » et l’enseignant en simple « adulte de référence » de soi-disant spécialistes de la pédagogie qui, pour la plupart n’ont plus enseigné devant une classe depuis bien longtemps, ont contribué à produire ce qu’il faut bien appeler une catastrophe culturelle nationale.
L’un des fondements les plus essentiels de la République est menacé de destruction au profit d’un système d’éducation privé chargé d’endoctriner les jeunes générations et de satisfaire les appétits de marchands des technologies de l’information.
Cette entreprise a commencé avec les lois anti-laïques de la Vème république, en particulier les lois Debré et Guermeur qui ont détourné vers l’enseignement privé confessionnel des milliards de fonds publics. Elle s’est poursuivie par une avalanche de contre-réformes, de Haby jusqu’à Fillon en passant par Jospin, Lang, Bayrou, etc..
La loi JOSPIN de 1989, toujours en vigueur, en instituant la communauté éducative, en renforçant les pouvoirs des Conseils d’école, en facilitant la pénétration dans l’école de forces extérieures, en instituant le caractère propre des établissements par les projets pédagogiques, n’a pas permis d’enrayer l’échec scolaire mais surtout a porté un nouveau coup très dur à la laïcité de l’école en introduisant le modèle du privé dans l’enseignement public .
La création des cycles à l’école maternelle et élémentaire, en supprimant les redoublements d’année, en allégeant les programmes qui ne sont plus annuels, ainsi que l’obligation d’adopter des méthodes de lecture et de calcul élaborés par des Diafoirus de la pédagogie ont fait progresser l’illettrisme de manière sensible.
Les contrats éducatifs locaux (CEL) conçus pour organiser le temps scolaire, péri et extra scolaire, dissolvent l’Ecole publique. La loi Monchamp prive des élèves handicapés ou en grande difficulté scolaire des structures de l’enseignement spécialisé auxquelles ils ont droit.
La création des IUFM, dans lesquels on tente de formater les futurs enseignants à partir de principes qui nient la discipline et les disciplines, la nécessité de l’autorité, les règles, les programmes, c’est-à-dire tout ce qui était à la base d’un système national d’instruction fondé sur l’égalité des droits sur tout le territoire national, a permis l’instauration d’une pédagogie d’Etat comme instrument de ce démantèlement.
Le langage abscons utilisé dans ces instituts ne parvient plus à masquer le caractère obscurantiste de l’entreprise dont le mathématicien Laurent SCHWARTZ disait dans Le Monde de l’éducation en 1991 : « si le développement des IUFM se poursuit comme il a commencé il mènera l’enseignement secondaire à un désastre sans précédent dans son histoire ; »
L’enseignement secondaire est, en effet, mis en coupe réglée, les programmes, les horaires sont allégés d’année en année, les disciplines sont déstructurées voire, pour certaines supprimées, l’enseignement professionnel est en voie de destruction et de privatisation.
Devant accueillir des élèves dont I/5ème environ ne maîtrise pas la lecture et l’écriture correctement, le secondaire se trouve désorganisé.
Le pourcentage sans cesse croissant de reçus au baccalauréat que l’on interprète comme une hausse du niveau ne saurait masquer la dégradation réelle comme le prouve l’énorme taux d’échec en 1ère année d’université.
La boucle est bouclée car l’Union européenne est parvenue à faire passer toutes les universités sous les fourches caudines du processus de Bologne qui instaure le LMD (licence, master, doctorat) faisant éclater tout cadre national et couplé aux parcours individuels de formation qui liquide ce qui reste des diplômes nationaux.
Et maintenant, les maires se trouvent dans l’obligation de participer au financement des écoles privées d’autres communes situées dans leur communauté de commune au titre de l’article 89 de la loi du 13 août 2004.
Ajoutons que le démantèlement de l’administration centrale du Ministère de l’Education nationale lui-même a commencé, en application des lois de décentralisation, ce qui facilite la disparition de toute réglementation nationale dans le domaine des programmes, des examens et concours, des diplômes et dans le domaine du recrutement et des promotions des enseignants.
On comprend alors que, pour faciliter cette entreprise destructrice de l’école républicaine et laïque, on fasse appel aux religions. L’introduction de l’enseignement du fait religieux à l’école n’est qu’une précaution de langage pour appliquer les recommandations de l’Union européenne d’accorder un statut officiel aux religions. C’est la commission de la culture et de l’éducation du Conseil de l’Europe, qui, le 27 novembre 1998, stipulait en effet :
« L’assemblée est d’avis que les gouvernements devraient par conséquent faire davantage pour garantir la liberté de conscience et d’expression religieuse. Encourager l’éducation en matière religieuse, promouvoir le dialogue avec et entre les religions et favoriser l’expression culturelle et sociale des religions ».
Le congrès national de la Libre Pensée rappelle que l’Ecole républicaine s’est construite en renvoyant la religion dans le domaine privé, selon les recommandations de Condorcet, et en application des lois Ferry et Goblet, en organisant l’enseignement des savoirs fondamentaux, disciplinaires, en faisant de l’éducation une affaire privée, l’Ecole, pour sa part, éduquant les élèves à respecter les règles nécessaires à tout apprentissage et à toute vie collective.
Le congrès rappelle que c’est le caractère public, national, universaliste, laïque, de l’école républicaine qui a permis l’accès à la citoyenneté, le recul des particularismes de l’Ancien régime, et la sélection des meilleurs par la promotion de tous. Il dénonce donc la politique de privatisation de l’Ecole impulsée par l’Union européenne et facilitée par les lois de décentralisation, le programme européen de « formation tout au long de la vie » qui met en question la formation initiale et l’accès aux qualifications sur la base de diplômes nationaux remplacés par des brevets de compétence sans valeur réelle. Cette entreprise réactionnaire voue la jeunesse au chômage et à la précarité et menace les bases de la culture dont la transmission est à la base de la civilisation.
Le congrès national de la Libre Pensée considère que cette offensive menée depuis quelque 40 ans est une entreprise d’inspiration cléricale et obscurantiste.
Mais le Congrès national de la Libre Pensée constate également que les enseignants, les parents, les lycéens et les étudiants résistent à cette destruction et en ont retardé l’évolution. Il salue le courage des instituteurs et des professeurs du second degré et des universités qui, malgré des conditions de travail de plus en plus difficiles et les obstacles que l’on dresse devant eux, continuent à instruire. Il dénonce la violence exercée contre celles et ceux qui refusent les dictats pédagogiques.
La Libre Pensée, s’appuyant sur l’ouvre de ses plus illustres représentants (Victor HUGO, Ferdinand BUISSON, Jean JAURES, en particulier) lance un appel à tous les citoyens, à tous les républicains :
La Libre Pensée appelle ses adhérents, les citoyens à aller vers leurs élus, maires, conseillers, députés pour leur présenter ces doléances.
Elle saisira tous les candidats à l’élection présidentielle de 2007 pour leur demander de se prononcer sur cette question d’urgence nationale.
La Libre Pensée appelle ses fédérations et ses adhérents à multiplier les réunions, les conférences, pour faire de cet appel une véritable campagne nationale et dans l’immédiat à préparer avec les inventaires les Etats Généraux de la laïcité du 9 décembre 2006.
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Dernière mise à jour : vendredi 5 décembre 2008