Libre Pensée du Pas-de-Calais

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Publié : 12 mars 2005

Le délit de blasphème rétabli en France !

par Libération et AFP, repris sur le site Faire le jour.org

Voici l’objet du délit, ou plutôt du délire : une parodie de la Cène de Léonard de Vinci

Le tribunal de grande instance (TGI) de Paris a prononcé jeudi l’interdiction de la campagne d’affichage de la dernière publicité des créateurs de mode Marithé et François Girbaud qui détournait le tableau de la Cène de Léonard de Vinci « en tous lieux publics et sur tous supports ». La société GIP dont dépend la marque Marithé et François Girbaud a décidé de faire appel de cette décision, a indiqué un porte-parole des créateurs de mode.

La Conférence des évêques de France, par le biais de l’association « Croyance et libertés », avait saisi en référé le TGI de Paris pour faire interdire l’affichage de cette publicité située uniquement avenue Charles de Gaulle, à Neuilly-sur-Seine et qui, selon elle, portait atteinte à la foi des catholiques. Le tribunal, présidé par Jean-Claude Magendie, a estimé que le choix d’installer, « dans un lieu de passage obligé pour le public », cette « affiche aux dimensions imposantes, qu’aucun regard ne peut éviter, constitue un acte d’intrusion agressive et gratuite dans le tréfonds des croyances intimes ». « L’injure ainsi faite aux catholiques apparaît disproportionnée au but mercantile recherché », a souligné le tribunal. Le tribunal a assorti « cette condamnation d’une astreinte de 100.000 euros par jour de retard, à compter du 3e jour suivant la signification » de cette ordonnance aux parties.

« Jamais il n’a été dans l’intention de la maison d’offenser qui que soit, a affirmé un porte-parole de Marithé et François Girbaud. Cette campagne a été pensée dans une logique de décodage des tendances du moment ; ce qui a servi de support, c’est l’oeuvre de Léonard de Vinci, absolument pas le texte de l’Evangile », a-t-il déclaré : « Ca ressemble à une atteinte à la liberté d’expression, à la créativité. » « Le travail qui a été effectué est une photo conçue par rapport aux tableaux et non par rapport à la Bible », avait plaidé Me Bernard Cahen, avocat des créateurs. « Il n’y a rien d’outrageant pour la religion catholique, il s’agit d’une volonté de traduire la nouvelle place de la femme dans la société, qui correspond à l’évolution des moeurs », a-t-il dit.

La publicité représente une libre interprétation de la Cène de Léonard de Vinci (1498), évocation du dernier repas du Christ avant sa mort, dans laquelle les apôtres comme le personnage de Jésus sont des femmes habillées de vêtements de la marque, sur fond gris perle. Un seul homme, situé à la droite du Christ, c’est-à-dire à la place occupée dans le tableau original par Marie-Madeleine, apparaît, torse nu et de dos, habillé d’un jean et entouré des bras de l’une des « apôtres ».

NOTRE COMMENTAIRE : On voit donc aujourd’hui comment l’Eglise catholique respecte la liberté de penser, de s’exprimer et de créer ! Tout ce qui contredit les dogmes ne mérite pas d’être exprimé librement. Il est intéressant mais très inquiétant de noter que le tribunal a interdit cette affiche comme si le tableau de léonard de Vinci était un bien de l’Eglise catholique. Or cette oeuvre appartient au patrimoine de l’humanité, et en tant que telle doit pouvoir être utilisée, détournée, commentée, critiquée, ou admirée par n’importe quelle personne sans que l’on ait à encourir de sanction judiciaire. Dans le cas contraire, cela signifie que le masque de la culture derrière lequel se cache les Eglises est une arme de destruction massive contre la laïcité et son corrolaire : la liberté absolue de conscience !