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Publié : 31 mars 2007

Merkel plaide toujours pour les racines chrétiennes de l’UE

Source : dépêche AFP du 25 mars 2007 |

Protestante pratiquante, la chancelière allemande Angela Merkel a appelé dimanche les Européens à revendiquer leurs racines chrétiennes, au lendemain des propos sévères du pape Benoît XVI qui est allé jusqu’à accuser les dirigeants européens d’"apostasie". "Il ne fait aucun doute que nous (les Européens) sommes marqués par un héritage judéo-chrétien", a affirmé à Berlin la chancelière conservatrice dans la conférence de presse finale des célébrations des 50 ans du traité de Rome.

"Si on veut mener un débat mondial sur les cultures et les religions, alors on nous demandera à nous Européens que non seulement nous revendiquions nos racines, mais aussi que nous les exprimions", a ajouté Angela Merkel, qui est fille de pasteur.

Interrogée sur les propos du pape, qui a accusé l’Union européenne de renier ses origines chrétiennes —une "singulière forme d’apostasie" selon lui—, Angela Merkel a déclaré "comprendre l’attitude de l’Eglise catholique". Elle a souligné s’être déjà entretenue sur ce sujet avec Benoît XVI, son compatriote, ainsi qu’avec son prédécesseur Jean Paul II. Inclure de telles références dans de futurs traités européens "est une chose qui est souhaitée par un grand nombre de personnes en Europe", a-t-elle encore assuré, tout en reconnaissant que cela serait difficile. "Je suis réaliste et pas très optimiste" sur ce point, a ajouté Mme Merkel, en raison des "traditions parfois séculaires" de séparation de l’Eglise et de l’Etat dans certains pays membres qu’elle n’a pas nommés. La France, mais aussi la Belgique, sont viscéralement attachées à ce principe.

Angela Merkel n’est pas isolée sur ce point. Elle a le soutien fervent du président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering. Dans les débats infructueux menés en 2002 et 2003 sur l’introduction d’une référence aux valeurs chrétiennes de l’Europe dans la constitution européenne, l’Italie, l’Espagne, l’Irlande et la Pologne s’en étaient montrés les plus ardents défenseurs. Angela Merkel peut encore recevoir aujourd’hui le soutien du grand voisin oriental de l’Allemagne, la Pologne, avec laquelle les relations sont par ailleurs plutôt tendues. "Je remercie Angela Merkel d’avoir évoqué ce débat dans ces déclarations", s’est ainsi empressé de commenter le président polonais Lech Kaczynski, du très conservateur parti Droit et justice (PiS). Toujours à Berlin, le président du Conseil italien Romano Prodi a abondé dans ce sens, affirmant qu’il faudrait "donner aux Eglises un rôle et un système de consultation qui n’ont jamais existé dans l’histoire européenne" afin d’établir avec elles "un dialogue structuré". "En ces temps d’intégrisme", les Eglises sont un des éléments les plus stables de "notre société, de notre histoire politique", a ajouté le démocrate-chrétien de centre-gauche.

Pour le chef de gouvernement régional de la catholique Bavière Edmund Stoiber, un futur traité européen devrait prendre en compte "les racines communes chrétiennes de l’Europe comme noyau de l’identité européenne". "Qui ne sait pas d’où il vient, ne sait pas où il veut aller", a-t-il dit. Le pape Benoît XVI avait relancé le débat depuis Rome samedi en appelant les croyants à édifier une "nouvelle Europe". "On ne peut pas penser construire une vraie maison commune européenne en négligeant l’identité propre des peuples de notre continent (...), une identité historique, culturelle et morale (...), constituée d’un ensemble de valeurs que le christianisme a aidé à forger", a affirmé le pape en recevant au Vatican les participants à une conférence organisée par les évêques européens. Les valeurs chrétiennes "qui représentent l’âme du continent doivent rester dans l’Europe du troisième millénaire" si celle-ci souhaite rester un exemple pour le reste du monde, a assuré le pape allemand.