Libre Pensée du Pas-de-Calais

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Publié : 30 juin 2007

Christine Boutin et Fadela Amara ou la laïcité "saine" à la sauce catholique

Mme Amara est nommée secrétaire d’Etat sous la tutelle du ministre Mme Boutin. Les pédigrées des deux femmes sont a priori antagonistes. Or, Sarkozy use à merveille des symboles. Ici, il est transparent : pour lui, la laïcité ne peut exister qu’en étant soumise au prisme religieux, voire intégriste.

La nomination d’un directeur de cabinet catholique intégriste et d’un prêtre chargé de mission, là encore symbole de la volonté de cléricalisme social, sont deux données renforçant cette analyse. Mme Amara est convaincue de pouvoir faire avancer certains dossiers, grand bien lui fasse. Croire un instant que les exigences laïques trouveront une oreille attentive auprès de ces gens-là relève non plus de l’utopie ou de l’espoir mais de l’irrationnel le plus complet.

Les actes symboliques de Sarkozy ne sont jamais ambigus : leur mise en oeuvre les éclaire crûment, comme l’illustre le ministère de l’identité nationale. Consciemment ou non, Mme Amara va cautionner l’idée selon laquelle toute politque sociale ne peut que s’appuyer sur des intervenants religieux et va contribuer par ses actes à accentuer la recléricalisation de la politiques de la ville. La charité sociale pourra ainsi se substituer insidieusement à la solidarité nationale.

La gauche catholique soutient Sarkozy le communautariste

Il est intéressant de remarquer que, jusqu’à la nomination de Fadela Amara, les gens dits de gauche membres du gouvernement Filon étaient tous des thuriféraires de la deuxième gauche, fer de lance du catholicisme social pour mettre en oeuvre la doctrine sociale de l’Eglise catholique.Bockel s’inscrit aussi dans cette idéologie de renoncement social mâtiné de paternalisme. L’échec de Ségolène Royal, représentante de cette deuxième gauche deloriste, est en cela une excellente nouvelle pour le camp laïque, comme le montre ses dernières déclarations. Depuis 2005, le rejet de la constitution européenne cléricale a nettement démontré que cette gauche cléricale n’est plus du tout majoritaire au sein du peuple de gauche. Il est évident pour de nombreux militants laïques que la gauche ne redeviendra crédible et audible que lorsqu’elle fondera de nouveau son projet politique, économique et social sur l’émancipation individuelle et collective en réaffirmant la nécessaire étanchéité des sphères privée et publique dans tous ces domaines. Et la nomination de Fadela Amara ne doit en rien être un prétexte pour se soustraire à ce travail nécessaire.

Que les républicains laïques se regroupent et s’organisent pour décliner un programme ambitieux et populaire est vital pour empêcher la mise en oeuvre destructirce des politiques cléricales et réactionnaires de Sarkozy et Fillon et pour faire de l’élection présidentielle de 2012 un moment de débat clarificateur. Sarkozy a engagé le débat idéologique frontalement, à nous de lui répondre sur le même terrain et avec la même conviction.