Libre Pensée du Pas-de-Calais

Vous êtes ici : Accueil du site > Activités de la Libre Pensée du Pas-de-Calais > Conférences et réunions publiques de la Libre Pensée du Pas-de-Calais > Constitution européenne et laïcité
Publié : 16 mars 2005

Constitution européenne et laïcité

Communiqué de la Fédération de la Libre Pensée du Pas-de-Calais et du SNES-FSU de Calais

La Fédération de la Libre Pensée du Pas-de-Calais, et le SNES-FSU de Calais sont très attentifs au respect du principe de laïcité. Or, aujourd’hui, ce principe juridique et constitutionnel est menacé de diverses façons : par des tentatives de rétablir des services religieux dans certains établissements du second degré ; par des tentatives de développement du poids et de la place de l’enseignement privé sous contrat, grâce aux financements accordés aux établissements privés par les collectivités territoriales bien au-delà de l’esprit et de la lettre de la loi Falloux ; et enfin par le projet de constitution européenne.

En effet, pour le SNES-FSU, cette constitution européenne que l’on nous propose nie le principe de laïcité et son corollaire qui est la Séparation des Eglises et de l’Etat. De fait, l’article I-52 instaure un régime spécifique de relations entre les Eglises et l’Etat : celui de la reconnaissance des cultes et du « dialogue ouvert, transparent et régulier » entre Union européenne et Eglises reconnues, au mépris de tout processus démocratique. Ces Eglises devenues partenaires de l’Union européenne pourraient ainsi être subventionnées directement par les deniers publics. Des siècles de lutte pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat seraient alors réduits à néant. Et que dire de la discrétion officielle des autorités politiques concernant l’anniversaire de la loi du 9 décembre 1905 qui a instauré dans notre pays cette Séparation ?

Pour la Fédération de la Libre Pensée du Pas-de-Calais, l’absence de référence directe au christianisme dans le préambule constitutionnel ne doit pas masquer l’essentiel : l’affirmation du rôle des religions dans la construction européenne. Le cléricalisme triomphant, revendiqué par le Vatican et l’Union européenne, est tout entier contenu dans le premier paragraphe de l’article I-52 qui stipule : « L’Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les Églises et les associations ou communautés religieuses dans les États membres ». En clair, toutes les situations particulières (Concordats, Statut d’exception d’Alsace Moselle, Décrets Mandel de 1939 pour les TOM, Religions officielles, Églises officielles, impôts d’Église et délits de blasphème) feront désormais partie intégrante de la constitution européenne.

Dernièrement, complètant la réforme réactionnaire de M. Fillon, M. Brard a fait voter à l’Assemblé nationale l’enseignement obligatoire du fait religieux à l’école publique. Or, c’est directement l’Union européenne qui exige l’enseignement des religions à l’Ecole publique. Le 27 novembre 1998, le Conseil de l’Europe adoptait une résolution intitulée « Religion et démocratie » dont la conclusion était la suivante : « La société démocratique devrait aller plus loin que le simple respect du fait religieux, elle devrait faciliter au maximum l’exercice de la foi. (...) Le pouvoir devrait solliciter davantage l’engagement moral des organisations religieuses dans les grands débats de société. (...) Il est urgent d’introduire dans les programmes de l’enseignement scolaire l’histoire de la pensée religieuse... ».

Tout récemment, à la demande de l’Eglise catholique, un tribunal français a interdit une affiche publicitaire, interprétation tout à fait anodine de La Cène, le tableau de Léonard de Vinci, au prétexte qu’il s’agissait d’« un acte d’intrusion agressive et gratuite dans le tréfonds des croyances intimes ». Ce qui est purement et simplement la reconnaissance juridique d’un délit de blasphème qui n’existait pas, jusqu’à présent, dans le code pénal. L’Eglise montre ainsi, un siècle après la promulgation de la loi de séparation, qu’elle n’a pas changé. Son pseudo discours d’ouverture cache mal sa volonté de vouloir, encore aujourd’hui, régenter les esprits et les mœurs.

A un moment où se développe le communautarisme, la laïcité apparaît comme un élément de réponse moderne aux enjeux de notre société. Elle incarne la liberté de conscience, la tolérance et l’idée de raison contre l’ignorance, la peur de l’autre et l’hégémonie des dogmes. Elle irrigue les conceptions fondatrices de l’école républicaine auxquelles sont très fortement attachés la Fédération de la Libre Pensée du Pas-de-Calais et le SNES-FSU de Calais.

Face à ces multiples attaques contre la laïcité institutionnelle, la Fédération de la Libre Pensée du Pas-de-Calais et le SNES-FSU de Calais invitent tous les citoyens du département à participer à la conférence-débat sur « la constitution européenne et la laïcité » qui se tiendra le vendredi 25 mars 2005, à 18H30 au musée des beaux-Arts et de la Dentelle de Calais, rue Richelieu. Christian Eyschen, rédacteur en chef du mensuel libre penseur La Raison, et Gérald Berton, responsable du SNES-FSU de Calais, présenteront leurs analyses respectives sur ce sujet et débattront ensuite avec les citoyens présents des multiples enjeux de ce nouveau traité européen sur notre pratique de la laïcité en France.

Pour le SNES-FSU de Calais,

Gérald Berton

Pour la Fédération de la Libre Pensée du Pas-de-Calais,

Roland Delattre