Libre Pensée du Pas-de-Calais

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Publié : 15 janvier 2005

Parrainage Républicain et Certificat de Débaptisation

Ce dossier du Ch’ti Libre Penseur est consacré d’une part à la cérémonie du parrainage républicain qui fait un retour remarqué dans certaines communes et d’autre part à la campagne de débaptisation mise en place il y a quelques années à l’initiative de la Libre-Pensée et d’autres associations laïques.

La campagne de débaptisation

Aujourd’hui, plusieurs mairies passées « à gauche », comme Paris, ont rendu possible le parrainage républicain. Il se dit même que les « bobos » parisiens en seraient les nouveaux adeptes. La mairie de Belfort a même un registre spécial pour ces parrainages. Des parents affirment qu’ils veulent « faire la fête en dehors de l’Église catholique, apostolique et romaine ». Nous avons eu connaissance d’un amendement concernant le parrainage républicain présenté au Séant en novembre 2001 par M. Dreyfus-Schmidt (PS) dans le cadre de la discussion de la proposition de loi sur l’autorité parentale. Malheureusement cet amendement n’a pas été adopté.

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Le baptême de Clovis, miniature du XIVème siècle

La campagne de débaptisation a été initiée lors de l’offensive cléricale que représentait la célébration du baptême de Clovis et la visite du pape en France organisées du 19 au 22 septembre 1996. L’Église catholique ne s’est pas trompée au sujet de cette offensive, qui malheureusement n’a pas été massive. En effet un certain nombre d’entre nous qui ont écrit au responsable de la paroisse dans laquelle ils ont été portés à l’église n’ont pas obtenu satisfaction. Il leur a fallu reprendre leur plume pour écrire à l’évêque du diocèse afin d’être surs qu’ils ont bien été rayés du registre des baptêmes.

Cette démarche, qui peut sembler puérile à certains, a pour objet d’interdire à cette Église catholique en France de compter parmi ses croyants tous les citoyens qui ont été baptisés par leurs parents. Même si certains ondoyés sont devenus, la réflexion aidant, des anti-cléricaux, des anti-religieux, des agnostiques, des athées... primaires.

Pour terminer une petite touche humoristique que l’on doit à Bruno Courcelle, dont le site Internet est maintenant réputé : « Malgré les résistances des Évêques, il est plus facile de se faire débaptiser que de se faire décirconcire ».

D.D.

Le Parrainage Républicain

Il serait peut-être prématuré de parler d’un retour de cette cérémonie républicaine. Mais la nouvelle municipalité parisienne a réintroduit le parrainage républicain (expression à préférer à baptême républicain qui rappelle trop la cérémonie religieuse catholique ; on peut encore utiliser d’autres termes : adoption, protectorat, tutelle, tutorat... républicain, ou parrainage civil) et en célébrerait plus d’une centaine par an. Ni Chirac, ni Tibéri ne voulaient entendre parler de cette « ringardise ».

La ville de Lille n’est pas en reste puisqu’elle organise un parrainage civil depuis plusieurs années En 1998 : 44 enfants, en 1999 : 53, en 2000 : 69, en 2001 : 59 ont été parrainés.

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parrainage civil

Vous trouvez ci-contre le parchemin remis à l’enfant « placé sous la protection des Institutions Républicaines et Laïques » .

Quelques rappels historiques :

La Révolution française « récupèrera » l’état civil des français, pouvoir dévolu à l’Église catholique depuis le XVIème siècle. L’administration révolutionnaire entreprend une tâche de laïcisation -en attendant une véritable séparation de l’Église catholique et de l’État en 1795- en faisant tenir les registres de naissances, de mariages et décès aux officiers municipaux. Il s’agit d’une rupture radicale entre le sacrement religieux et le contrat civil, un bouleversement des pratiques et des mentalités, sur lequel aucun gouvernement ne reviendra.

Les premiers parrainages et cérémonies civiles de tutorat semblent dater de l’été 1790, en même temps que se déroulent de nombreuses fêtes de la Fédération célébrées devant un autel de la Patrie (cf. article paru dans La Raison n° 469 de mars 2002, « L’autel de la Patrie à Thionville »). Les parents désignaient publiquement un parrain et une marraine et plaçaient leur enfant sous la protection de la Nation.

Pendant une longue période ces cérémonies civiles tomberont en désuétude, notamment pendant la longue période du Concordat. Ce n’est qu’avec la IIIème République, sous l’impulsion des libres-penseurs, que cette pratique reprend force et vigueur. Et particulièrement dans le Nord.

Madame J. Lalouette consacre dans son ouvrage « La Libre-Pensée en France de 1848 à 1940 » un chapitre se rapportant aux cérémonies civiles, baptêmes, mariages et autres fêtes. Elle souligne le rôle important que la Libre-Pensée a joué dans nos départements du Nord et du Pas de Calais dans la célébration de ces rites civils. « On les appelait "les baptêmes rouges" expression utilisée par « La LUTTE » en janvier 1931 pour désigner le baptême reçu par une quarantaine d’enfants de Rouvray (Côte d’Or) ».

Actuellement les motivations sont diverses : tradition familiale, athéisme, attachement aux valeurs laïques. On relève encore le besoin d’une certaine solennité pour accompagner une naissance. Enfin, lorsque les deux parents « sont » de religions différentes, ce parrainage semble recueillir l’assentiment des deux parties. Des parrains et marraines se souviennent avec émotion du texte d’engagement qu’ils ont lu lors de la cérémonie à la mairie. « Je me suis engagé à éduquer mon filleul hors de tous préjugés d’ordre social et philosophique et dans le respect de la Raison, de l’honneur, de la fraternité, de l’amour du travail et de l’étroite solidarité des uns envers les autres » déclare un parrain en sortant de la mairie de Lille. Quelques précisions d’ordre administratif et juridique :

Au J.O. de septembre 1989, en réponse à une question écrite du 7 août 1989, M. le Garde des Sceaux précise que « le baptême civil, qui paraît avoir fait son apparition le 13 juin 1790 aux fêtes de la Fédération de Strasbourg, n’a fait l’objet d’aucun texte législatif ou réglementaire. Il s’agit d’une simple coutume qui ne présente aucun caractère obligatoire pour l’officier de l’état civil et ne comporte aucun cérémonial préétabli ». Dans ce même J.O., le Garde des Sceaux précise que la promesse prononcée par les parrain et marraine ne constitue qu’un engagement moral dépourvu de conséquence juridique (en cas de défaillance des parents). Dans les conditions actuelles, « la chancellerie n’envisage pas de donner un effet juridique à la pratique des baptêmes civils » (J.O. du 01/12/1979). Enfin dans le J.O. du 14/06/1996 (p. 3285) il est précisé que « le baptême civil n’a pas de base juridique dans notre droit. Aucun officier d’état civil n’y peut donc être obligé et aucun cérémonial n’est prévu puisqu’il n’y a pas de texte le prévoyant ». Un maire n’est donc pas tenu de donner suite à la demande d’un administré lui enjoignant de procéder à cette cérémonie. En outre les baptêmes civils ne peuvent donner lieu à aucune inscription sur les registres d’état civil, et les certificats ou documents qui pourraient être délivrés à cette occasion n’ont aucune valeur juridique (lettre du cadre territorial n° 140 du 15/12/1997).

Je n’ai trouvé aucun texte officiel concernant les couples « pacsés », les couples homosexuels qui voudraient faire procéder à une cérémonie de tutorat républicain pour leurs enfants. L’imprimé remis par la mairie de Lille ne demande des renseignements qu’au père et à la mère. Néanmoins cet imprimé précise que la démarche peut être conjointe (présence des deux parents) ou individuelle (présence d’un seul parent). Il paraît intéressant que la Libre-Pensée et les libres penseurs relancent cette cérémonie républicaine.

J.B.L.

Comment se faire débaptiser ?

Concrètement vos date et lieu de naissance figurent dans votre certificat de baptême, ainsi que dans le livret de mariage de vos parents. La demande, datée, doit être adressée au curé actuel de la paroisse ainsi qu’à l’évêché dont dépend cette paroisse.

Vous pouvez rajouter une phrase demandant à ce que l’autorité religieuse vous fournisse un double de votre acte de baptême modifié comme les y obligent les textes de la Commission Nationale Informatique et Liberté sur la rectification des fichiers manuscrits. L’article 36 de la loi « Informatique et Liberté » (N. 78-17 du 6 janvier 1978), qui s’applique à la communication de la rectification des fichiers, dit en effet que :

« Le titulaire du droit d’accès peut exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations le concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte, la communication ou la conservation est interdite. Lorsque l’intéressé en fait la demande, le service ou organisme concerné doit délivrer sans frais copie de l’enregistrement modifié ».

N’hésitez pas à envoyer une deuxième lettre (en recommandée) si la première reste sans réponse. N’oubliez pas de joindre une enveloppe timbrée pour la réponse. Faites des photocopies de ces documents et envoyez un double de vos lettres (et de la réponse) à : Fédération du Nord de la Libre-Pensée MNE 23 rue Gosselet 59000 LILLE