Libre Pensée du Pas-de-Calais

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Publié : 6 avril 2005

Lettre au maire de Calais : non à la mise en berne des drapeaux républicains pour l’enterrement de Karol Wojtyla !

Le maire de Calais, désormais aussi député européen depuis 2004, s’est déclaré catholique non pratiquant dans la presse locale, et a dit ne pas vouloir juger l’héritage du pape. Il annonce aussi qu’il respectera la consigne donnée par le gouvernement : il mettra en berne les drapeaux de la ville et de la République sur les bâtiments municipaux.

La Libre Pensée du Pas-de-Calais s’élève contre cette atteinte à la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905.

Monsieur le Maire, Monsieur le Député Européen,

Nous vous avions alerté au mois de décembre 2004 sur une subvention que le parlement européen avait attribué à une association catholique pour l’organisation des JMJ 2005 en Allemagne. Nous avions eu alors le plaisir de vous compter parmi les défenseurs de la séparation des Eglises et de l’Etat dans l’Union européenne puisque vous nous aviez annoncé l’action menée par votre groupe parlementaire pour faire échouer cette subvention d’activités religieuse par les fonds publics européens.

C’est la raison pour laquelle nous sommes très surpris aujourd’hui de vos déclarations publiées dans l’édition de Nord Littoral du mercredi 6 avril 2005. Vous annoncez que les drapeaux tricolores comme ceux aux couleurs de la ville seront en berne vendredi pour l’enterremnt du pape. Vous déclarez en outre que vous vous refusez à porter un jugement sur l’action de Jean-Paul II et que vous souhaitez rendre hommage au chef d’Etat qu’il a été.

Or toute l’action de ce pape désormais défunt a été menée au nom d’un Dieu qui n’a pas à s’exposer en place publique. Rendre hommage à ce « chef d’Etat », c’est ainsi reconnaître une dimension positive à son action religieuse aussi. De ce fait, c’est transgresser la neutralité de la sphère publique et imposer à tous vos concitoyens la reconnaissance positive des actions menées par le chef de l’Eglise catholique. Or, toutes ses actions doivent pouvoir être examinées librement et d’un point de vue critique, ce que cet hommage officiel ne permet pas.

En outre, mettre les drapeaux en berne pour rendre hommage à Jean-Paul II c’est, de fait, reconnaître l’Eglise catholique comme partenaire privilégiée des pouvoirs publics. Cela entre alors en contradiction avec l’article 2 de le la loi du 9 décembre 1905 portant séparation des Eglises et de l’Etat, qui stipule : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Cette atteinte à la laïcité institutionnelle, qui tient lieu de « célébration » du centenaire de cette loi, ne nous surprend pas de la part du gouvernement réactionnaire de M. Raffarin, mais, de votre part, cela nous émeut considérablement.

La lutte incessante que ce pape a menée pour interdire l’avortement, et les moyens de contraception en tous genres, pour dénier les droits les plus élémentaires aux femmes, ou encore pour dénoncer l’homosexualité comme un crime devrait vous alerter sur la dimension réactionnaire de ce pontife. C’est à ce personnage pour le moins équivoque que vous vous apprêtez à rendre hommage au nom de la population calaisienne.

Nous vous exhortons donc d’une part à reconsidérer votre position et à ne pas mettre les drapeaux en berne pour respecter la laïcité et la neutralité des institutions politiques ; d’autre part à ne participer à aucune cérémonie d’hommage à ce pape au titre de vos fonctions politiques. Vu vos déclarations précédentes affirmant clairement votre attachement à la laïcité, nous serions particulièrement surpris et choqués que vous persistiez à rendre cet hommage institutionnel au dernier dictateur théocrate d’Europe.

Sachant pouvoir compter sur votre indéfectible attachement à la laïcité des institutions françaises et européennes, et dans l’attente d’une réponse favorable de votre part, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Maire, Monsieur le Député européen, nos salutations laïques les plus dévouées.

Pour la Fédération de la Libre Pensée du Pas-de-Calais,

Roland Delattre