Libre Pensée du Pas-de-Calais

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Publié : 25 mars 2007

8 mars 2007 : l’avortement enfin légalisé au Portugal !

Le 8 mars 2007, le Parlement portugais a voté la légalisation de l’avortement jusqu’à la 10ème semaine de grossesse. Ce vote intervient symboliquement lors de la journée internationale de la femme. Les groupes qui défendent les droits des femmes affirment que 10 000 femmes étaient hospitalisées chaque année, suite à des complications liées à des avortements clandestins.

Cependant, sous la pression des partis catholiques, la nouvelle loi oblige la femme qui sollicte une IVG à respecter un délai de trois jours de réflexion avant que l’acte opératoire soit pratiqué. Les parlementaires réactionnaires souhaitaient ajouter un amendement selon lequel tout devait être fait pour permettre à la femme d’éviter le recours à l’avortement. Il a été repoussé par la majorité de centre-gauche au pouvoir actuellement à Lisbonne.

Petit rappel des positions de l’Eglise lors de la campagne référendaire qui a vu, en février, la victoire du oui à la légalisation avec près de 60 % des suffrages.

L’évêque de Viseu, D. Ilídio Leandro, affirmait qu’ "il voterait oui au referendum si on ne laissait pas à la femme la décision de recourir à l’IVG". Quel sens du respect de la liberté de chacune...

D. José Policarpo, 71 ans, cardinal-patriarche et évêque de Lisbonne déclarait le 28 février 2007 : "L’avortement n’est pas, fondamentalement, une question religieuse. C’est une question humaine et une question culturelle. De civilisation.", justifiant ainsi le cléricalisme de l’Eglise catholique, présentée comme la seule capable de sauver la civilisation chrétienne de tous ses mécréants. Dans le même entretien accordé au magazine Visao , il regrettait "que cette tradition humaniste européenne est en train de s’altérer dans le sens d’un grand individualisme et, surtout, dans le sens du pragmatisme." Il détaillait cette vision des choses : "la question de la sexualité est fondamentale. [...] il n’y a pas de sexualité sans responsabilité, [affirmant qu ’il fallait] éduquer ces citoyens à avoir une vie sexuelle... voyons, normale !", dénonçant ainsi l’homosexualité, les relations hors mariage et autres situations condamnées par son Eglise réactionnaire.

Le journaliste lui demande alors s’il est favorable à l’éducation sexuelle dans les écoles, "bien sûr que nous sommes contre !" réplique-t-il alors... Hors mariage, ni sexualité ni procréation, voilà le credo catholique !

Enfin, comparant l’euthanasie à l’avortement il affirmait qu’ "elle a en commun avec l’avortement le principe biblique selon lequel personne n’a le droit d’intervenir sur sa propre vie ou sur celle d’un autre. Mais, dans ce cas, ce qui se joue c’est de savoir si on doit collaborer ou non avec le désr d’une personne en grande souffrance – mais qui est un désir injuste." Il condamne ainsi toute liberté individuelle relative à la disposition, non seulement de son corps, mais aussi de sa vie.

Ces scrupules catholiques n’étaient pourtant pas de mise lorsqu’il fallut écraser les opposants au régime de la dictature de Salazar de 1926 à 1974, et justifier leurs assassinats par celle-ci . Mais ces opposants républicains avaient probablement des "désirs injustes" puisque Salazar avait, lui, accordait de très nombreux privilèges à l’Eglise catholique par le Concordat de 1940.

Et de conclure, définitivement insultant envers les militants de l’euthanasie, "j’aime l’idée d’appartenir à une humanité où la plus grande partie des personnes meurent courageusement." il faisait sûrement référence aux résistants qui ont combattu les régimes fascistes, tous soutenus par l’Eglise catholique...

Comme on le voit, la légalisation de l’avortement au Portugal n’est qu’une étape si l’on veut y éradiquer l’influence néfaste de l’Eglise catholique ! Pour être applicable, la loi du 8 mars 2007 doit être approuvée par le Président de la République, conservateur catholique, puis publié au Journal officiel. Mais la pression populaire et politique devrait aider cet homme à prendre la bonne décision.