Libre Pensée du Pas-de-Calais

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Publié : 6 septembre 2005

Congrès de Metz-25 au 27 août 2005

Fédération Nationale de la Libre Pensée - Congrès national de Metz 25-27 août 2005

Résolution générale

« Chaque chemin emprunté par les peuples et nations doit aboutir à l’avènement de la séparation des religions et des Etats. Tout acquis laïque doit être préservé et étendu pour cela » déclarait le 7 juillet 2005 à Paris le 16ème congrès de l’Internationale Humaniste et Laïque (IHEU). Ce faisant, les délégués d’associations de plus de trente pays proclamaient le caractère international de « la lutte pour un humanisme éclairé et libérateur du monde » ; ils s’opposaient ainsi à la campagne internationale d’obscurantisme et de restriction des libertés publiques développée par les gouvernements et les institutions internationales qui alimentent les communautarismes religieux.

Le déchaînement médiatique au sujet de la mort du pape Jean-Paul II et des Journées Mondiales de la jeunesse catholique qui ont intronisé son successeur, la multiplication des présences et des initiatives des pouvoirs publics à l’occasion de toutes sortes d’événements médiatisés, visent à l’évidence à conforter, contre la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat, l’opinion selon laquelle le christianisme serait redevenu une religion officielle et dominante. Les libres penseurs n’oublient pas que le cardinal catholique romain Joseph Ratzinger devenu le pape Benoît XVI a déclaré que « les Lumières étaient l’un des plus grands maux qui se soient abattus sur l’humanité » et s’est engagé à combattre la laïcité.

D’un autre côté, toujours en France et en approfondissant la ligne de ses prédécesseurs, le Ministre de l’Intérieur instrumentalise une partie des dignitaires musulmans dans une logique concordataire. Il prépare ainsi, au même titre que les Eglises, les luttes de factions entre religions dominantes et communautés minoritaires au gré des quartiers ou des régions et pays ou territoires, forts depuis 1993 de l’onction constitutionnelle de la décentralisation, instrument majeur du communautarisme.

Mais cela requiert une disparition complète de la République Une et Indivisible.

Or, ce sont nos amis canadiens de l’Ontario qui, en demandant l’aide de la Libre Pensée contre l’application de la Sharia aux musulmans décidée par les autorités de leur Etat se félicitent dans le même mouvement du « coup de marteau du 29 mai contre l’Europe vaticane » qui a été réalisé par la victoire du Non au traité constitutionnel européen. En effet, l’adoption du traité aurait signifié de façon difficilement réversible la substitution du principe de subsidiarité à l’application, encore aujourd’hui constitutionnelle de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 . Le projet central de l’Union européenne reste la transformation de toutes les organisations indépendantes en corps intermédiaires destinés à l’application des directives décidées au sommet, privant ainsi peuples et citoyens des instruments de démocratie politique et sociale qu’ils ont durement conquis dans le cadre des Etats-nations. Partout se développent des organisations non gouvernementales destinées à faire la navette entre les communautés ou à organiser en leur sein la charité sur les ruines des services publics. Bien entendu, ces ONG sont la plupart du temps d’origine religieuse et dûment subventionnées sur fonds publics.

Mais rien n’est joué, la République résiste, la riposte s’organise.

La Fédération Nationale de la Libre Pensée se trouve aujourd’hui confrontée à des défis nouveaux qu’elle propose de relever avec tous les citoyens, à la place qui est la sienne, avec modestie, mais avec ambition.

Modestie car la France n’est pas le centre du monde et chacun sait bien désormais que la loi de 1905 ne peut être préservée et rétablie que par un effort international. Notre Fédération Nationale et la National Secular Society de Grande-Bretagne l’ont bien compris en organisant ensemble, le 3 avril 2005 à Bruxelles, une manifestation contre le projet de traité constitutionnel européen. Car pour être efficace, il faut d’abord indiquer clairement le camp que l’on a choisi. Le succès de la manifestation nationale du 10 décembre à laquelle nous travaillons avec d’autres, doit marquer un nouveau point de départ en liaison et avec le concours des peuples et des laïques des autres pays. Rappelons qu’en 2001, au congrès national de la Libre Pensée de Givors (Rhône), Daniel Baril, président du Mouvement Laïque Québécois déclarait : « Dans notre esprit, une Europe laïque ne ferait que renforcer la lutte pour la laïcité de l’Etat au Québec et au Canada, mais avec une Europe vaticane, nous pourrons dire adieu à une Amérique laïque ». Rappelons aussi qu’il y a dans le monde davantage d’Etats où le blasphème est pénalement réprimé, parfois par la peine de mort, que de pays où la liberté de conscience est respectée. Les libres penseurs, mais aussi tous les républicains et les pacifistes savent que la séparation protège tous les citoyens, quels que soient leurs opinions ou croyances et l’avis de leurs voisins ou de l’Etat sur icelles.

Le 4 juillet dernier à Paris, une étape majeure a été franchie dans les locaux du Conseil Economique et Social ; après des années d’efforts un Congrès mondial des libres penseurs et des athées venus de tous les continents a renoué avec la tradition des grands congrès fondateurs, comme ceux qui ont ouvert la voie à la loi de 1905. Un Comité International de Liaison des Athées et des Libres Penseurs a été constitué ; il propose aujourd’hui un Manifeste International pour un Humanisme Athée comme instrument de discussion sur les tâches qui s’imposent aujourd’hui à tous.

Ambition car nous sommes à un tournant dans la situation. Les libres penseurs sont parfaitement conscients que les résultats des référendums français et hollandais, le recul sur ce plan du gouvernement britannique, sont dus, pour l’essentiel, aux efforts communs de tous ceux qui aspirent à défendre les services publics et la souveraineté des nations base de la démocratie politique, en s’opposant à la limitation des emplois, des droits et des garanties. Mais précisément, les libres penseurs s’adressent à tous ceux, républicains, citoyens, laïques qui considèrent aujourd’hui qu’il s’agit, comme le déclare le message de nos amis irlandais à notre congrès de Metz, de combattre « parce que la laïcité offre la liberté de conscience à tous ceux qui ne veulent laisser le contrôle de leur vie à personne d’autre qu’à eux-mêmes ».

Le congrès de Metz affirme que la Fédération Nationale de la Libre Pensée a la responsabilité de devenir un élément de la confiance nécessaire aux laïques et aux républicains pour préserver et conquérir le droit pour chaque être humain, pour chaque individu, de pratiquer librement la culture de soi-même.

C’est avec cette ambition et en toute fraternité que la Libre Pensée s’adresse aujourd’hui aux citoyens et aux organisations dont ils se sont dotés.

(unanimité)

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Résolution Esperanto.

Dès 1904, au Congrès International de Rome puis en 1905 au Congrès International de Paris, la valeur de la langue universelle, son étude, son officialisation comme langue des Congrès Internationaux et enfin comme langue de propagande internationale, ont ancré l’Espéranto dans l’histoire de la Fédération Nationale de la Libre Pensée.

Le Congrès de Rome constituera « une charte à laquelle nous puisons constamment » et dont les congrès internationaux jusqu’à la seconde guerre mondiale auront à s’inspirer. On peut du reste voir que le « Calendrier Laïc International » dressé selon un vœu du Congrès de Barcelone en 1934 par Renaud Strivay instituait dans les Philanthropes et humanitaires pour le samedi 10 octobre la Docteur Zamenhof.

Cette histoire ne s’arrête pas là, en 2001, le Congrès National de la Libre Pensée a adopté une motion en faveur de la « promotion de l’usage de la langue » en soulignant « ses valeurs universalistes et pacifistes auprès d’Institutions Internationales. »

Enfin, le Congrès Mondial de la Libre Pensée à Paris le 4 juillet 2005 a voté une motion accompagnant cet évènement historique. Cette motion unique et complète rappelle que l’Espéranto permet l’échange direct d’idées, d’expériences et d’informations, qu’il permet aussi le progrès social en préservant la diversité linguistique dans l’unité, qu’il permet également une liberté de pensée. Cette motion souligne également son caractère indépendant, anational, accessible, équitable et offrant une communication linguistique entre les peuples.

Ainsi, cette langue Internationale permet les échanges sans frontières et abolit les frontières linguistiques à travers sa rationalité.

Il apparaît de cette manière que cette fraternité linguistique est un moyen pour s’accorder sur des valeurs humanistes, athées et laïques, et en ce sens aborder la résolution des désordres mondiaux pour placer l’humain comme valeur essentielle de nos espoirs présent et futurs. A l’occasion du Congrès National de Metz nous appelons les libres penseurs non espérantistes à faire le pas de s’affranchir des frontières linguistiques nationales et s’engager dans l’apprentissage de la langue Internationale au sein des groupes associatifs historiquement liés à la Fédération Nationale de la Libre Pensée.

Il apparaît aussi nécessaire, dans l’ordre historique actuel, que la fédération nationale de la Libre Pensée réserve à l’Esperanto une place dans sa structure sous la forme d’une commission, afin de créer un espace organisationnel et d’appuyer les actions locales, nationales et internationales de la Libre Pensée. On pourra nommer cette commission « Commission Esperanto »

Nek Dio, Nek Mastro - Ni Dieu, Ni maître Vivu la socialan, teren la klerikalaĉo -Vive la sociale, à bas la calotte

Adoptée à la majorité (91 contre et 91 abstentions)

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Résolution Laïcité

1905/2005 : Vive la Laïcité ! Vive la séparation des Eglises et de l’Etat !

Le Congrès national de la Libre Pensée réuni à Metz du 25 au 27 août 2005 se félicite de l’écho rencontré par l’initiative du Comité de Liaison de l’Appel aux Laïques, à l’initiative de 50 personnalités de divers horizons, personnalités connues pour leur attachement à la défense de la loi de 1905.

Lancé à l’initiative de la Libre Pensée, cet appel a pu rassembler un large panel de militants et d’associations qui ont su créer une dynamique nationale et internationale de rassemblement. A ce jour, ce sont plus de 2 500 laïques, libres penseurs, humanistes, rationalistes, syndicalistes, démocrates, républicains, militants ouvriers, 67 personnalités internationales et 17 associations qui se sont retrouvés pour manifester ensemble, pour la défense et la promotion de la loi de 1905.

Le congrès national de la Libre Pensée de Metz appelle à faire contresigner encore plus largement cet appel afin de lui donner une assise populaire de masse.

Au début était 1789

Par cet appel, la Fédération nationale de la Libre Pensée a voulu être fidèle au combat mené en 1905. La séparation des Eglises et de l’Etat est une revendication démocratique fondamentale. Elle constitue le parachèvement complet du mouvement commencé par la Révolution française qui a détruit les ordres et les corporations. Contre le serf et le sujet, elle a crée le citoyen. Par la loi de 1905, la République, enfantée le 14 juillet 1789, triomphante à Valmy contre Coblence en 1792, a proclamé en 1905 la liberté politique ultime : la liberté de conscience avec les moyens de son plein exercice.

1905 : une page se tournait, celle de l’émancipation politique. 1905 : une nouvelle page s’ouvrait : celle de l’émancipation sociale. La conscience politique ne pouvait plus être sous le boisseau et le corps social aspirait à sa libération totale. 1905 : c’est la révolution russe, la création du parti ouvrier SFIO et la séparation des Eglises et de l’Etat.

C’est avec une claire conscience que le Président de la Libre Pensée Ferdinand Buisson pouvait dire à l’époque : « La séparation n’est pas le dernier mot de la révolution sociale, mais elle en constitue indéniablement le premier « .

Une fois la démocratie politique conquise, le temps était venu du mouvement ouvrier et de l’émancipation sociale. La Commune de Paris avait été à la fois, une alliance et aussi une charnière. Deux mondes cohabitaient encore en 1871. Mais en 1905 s’ouvrait alors l’époque des guerres et des révolutions.

Comme en 1905 : Union de tous les laïques !

En lançant l’Appel aux Laïques, la Fédération nationale de la Libre Pensée a voulu, comme il y a un siècle, être le ferment d’union de tous les laïques. Elle a su mettre de côté tout ce qui pouvait diviser ponctuellement pour privilégier l’essentiel : la défense de la laïcité institutionnelle de l’Ecole publique et de l’Etat.

C’est pourquoi, la Libre Pensée a accepté la demande de l’Observatoire international de la laïcité, lors de sa réunion du 11 juin 2005 : les initiateurs de l’Appel aux laïques pour la manifestation du 10 décembre 2005 ont été mandatés pour inviter l’ensemble des organisations laïques, les confédérations syndicales et les fédérations syndicales enseignantes autonomes à se réunir le samedi 8 octobre à 14H30, à la Mairie du XIème arrondissement de Paris afin d’y débattre de la possibilité que toutes les organisations se réclamant de la laïcité puissent manifester, sous les formes qu’elles choisiront, le même jour, à la même heure, au même lieu pour la défense de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat.

L’Observatoire international de la laïcité regroupe le Grand Orient de France, le Droit Humain, la Grande Loge Mixte de France, la Grande Loge Mixte Unifiée, le Mouvement « Europe et Laïcité » (CAEDEL), le Comité-Laïcité-République, la Fédération nationale de la Libre Pensée, l’Association du Chevalier de la Barre (Paris), l’Association Laïcité-Liberté, République sociale et la Fédération Humaniste Européenne.

Nul doute que les laïques sincères et authentiques sauront trouver les voies et les moyens pour mener une action unie et convergente pour défendre et promouvoir la loi de 1905.

Une première étape importante sera la réussite du meeting laïque unitaire du 1er octobre 2005, sous la présidence de Marc Blondel à la Mutualité. Le congrès national de la Libre Pensée de Metz appelle solennellement toutes les fédérations de la Libre Pensée à tout faire pour en assurer le succès.

La démarche entreprise au niveau national doit être traduite dans l’ensemble des départements et des communes de la République. Sous les formes les plus diverses, dans le respect du cadre défini par l’Appel aux Laïques, le Congrès national de la Libre Pensée de Metz appelle ses fédérations affiliées et les libres penseurs à être l’avant-garde la plus résolue pour faire de la manifestation du 10 décembre 2005, place de la République à 14H30 à Paris, une réussite nationale.

C’est le moins que puissent faire les libres penseurs d’aujourd’hui pour honorer le combat de leurs aînés d’hier. La Libre Pensée sera à la hauteur de sa tâche historique.

Comme en 1960 : faire les cahiers de doléances laïques

La laïcité est un principe d’organisation politique de la République qui fonde la démocratie et qui permet la pleine liberté des citoyens. C’est pourquoi le congrès national de la Libre Pensée appelle toutes ses fédérations, dans les communes, les cantons et les départements à faire l’état exact des violations de la laïcité contre l’Ecole publique et les institutions publiques. Le congrès national de la Libre Pensée de Metz les invite à les dresser dans l’union laïque la plus large et à les rendre publiques.

La laïcité est un combat indispensable pour défendre les lois laïques scolaires et la loi de séparation de 1905. La Libre Pensée appelle tous les laïques à agir ensemble, sur tous les terrains, y compris juridiques, pour que cessent les scandales contraires à la loi de 1905.

C’est la mobilisation de tout un peuple qui a permis l’avènement de la loi de séparation en 1905. C’est à nouveau la mobilisation de la Nation et de la République qui permettra la défense de la laïcité institutionnelle.

1905 / 2005 :

Pour la restauration de la loi de 1905 ! Pour l’abrogation du statut clérical d’Alsace Moselle ! Pour le respect du principe : »Fonds publics à la seule Ecole publique » ! Pour l’abrogation de toutes lois antilaïques ! Pour l’avènement d’une laïcité sans frontières !

Tous à la République, le samedi 10 décembre 2005 à 14H30 !

Adoptée à l’unanimité

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Motion complémentaire de la Résolution laïque

A propos de l’enseignement du « fait » religieux

L’application de la loi Fillon institue l’enseignement des dogmes religieux sous le vocable fallacieux d’enseignement du « fait » religieux. Ce qui revient à étendre les programmes concordataires d’Alsace Moselle à l’ensemble du territoire.

Les instituteurs et professeurs des écoles, privés aussi de leur liberté pédagogique par la loi Fillon, devront enseigner le catéchisme par obligation statutaire.

La Libre Pensée appelle l’opinion publique laïque, les Elus de la République et les organisations syndicales à se mobiliser massivement pour refuser cette extension du statut clérical d’Alsace Moselle.

Adopté à l’unanimité